Bertrand Saint Georges Chaumet

Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet

À la jeune épousée

Tes seins sont si dorés dans la nuit andalouse
Qu'il ne convient, mon cœur, de garder ta chemise
Quand bien même mes mains en deviendraient jalouses.
Ta peur n'est pas fondée, ta pudeur pas de mise !

Pour ton déshabillé je ne veux que la lune
Et si te fait rougir le feu de mon regard,
Ne crains rien de l'amour, ni d'attraper un rhume.
Car pour toi je n'aurai que les plus doux égards.

Mes mains disputeront à la lune enjôleuse
Ses caresses de soie qui éclairent ta peau ;
Pour éveiller ton corps se feront cajoleuses
Et de ton cœur battant trouveront le tempo.

Si ta bouche proteste, à l'heure des audaces,
Un baiser sur tes lèvres en sera le bâillon.
Tu verras, le plaisir fera fondre ta glace
Et tu rendras les armes à ma tendre invasion.

Je sécherai tes larmes et sucerai ton lait ;
Ta grappe cueillerai pour déguster le vin
De ces fruits défendus si goûteux au palais ;
Et de ton bon plaisir je serai le levain.

Tu mordras comme moi à ce pain délicieux
Que nous aurons pétri de nos corps mélangés ;
Et quand nous aurons faim, avant que d'être vieux,
Ne trouverons pas mieux sinon d'en remanger.

Demain, quand nous verrons que prend fin la boulange,
Qu'au pressoir de la vie la passion est en panne,
Nous nous rappellerons ces premières vendanges
Et qu'en boire le vin ensoleilla nos âmes.