Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
La promesse
Si c'est un peu mourir de voir le temps qui passe,
Et de faire un enfant, à mort que l'on condamne,
Quand on sait qu'à la fin, chacun de nous trépasse,
Il faut cueillir la rose avant qu'elle se fane.
Mais un jour, s'en est fait des roses et des rires !
Le doux chuchotement du patient sablier
Commence à déranger les rêves d'avenir,
Et vacille déjà la flamme au chandelier.
De ma moisson d'amours, de peines partagées,
Du poids des souvenirs qui a chargé ma barque,
Que me restera-t-il, lorsque de mon congé
Sera venu le terme arrêté par la Parque ?
Sous la boucle de l'ange, elle y était déjà,
Cette marque fixée par le grand horloger.
Au bout de ce chemin qu'on ne peut prolonger,
Un jour il faudra bien abandonner tout çà !
Qu'a-t-il été prévu de donner en échange
De ce plat de lentilles et de bonheurs qu'on laisse ?
Le Père doit offrir bien mieux qu'un droit d'aînesse,
Puisqu'il nous a promis de ne pas perdre au change.
Peut-être que là-haut les filles seront belles,
Les amis gais lurons et sera bon le vin !
Alors si, sans mentir, les promesses sont telles,
Je suis prêt à m'asseoir à ce banquet divin.