Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
Planches à voile
Sur la mer démontée dansent des papillons
Vacillant dans le vent et chevauchant les vagues ;
Leurs ailes colorées comme des pavillons
Dans des gerbes d'écume, avancent et divaguent.
Le ciel a reverdi la robe de la mer
Et les sillages clairs de ces enfants d'Eole
Y dessinent un rêve, effaçant la chimère
De la marche sur l'eau, sans porter d'auréole.
Parfois une envolée dans ce ballet des ondes
Affronte tout à coup trop de vague et de vent ;
Alors le papillon abandonne la ronde
Et se couche sur l'eau sous son beau paravent.
C'est une halte brève, un instant de victoire
Que la mer a volé à l'émule d'Icare ;
Mais son aile, à l'affût d'un vent libératoire,
Bientôt est une fleur qui reprend le départ.
De fleur en papillon, la course continue,
Et chaque concurrent à tout moment se change,
Chaque fois qu'il s'envole ou retombe des nues,
Tantôt en naufragé et tantôt en archange.
Cette lutte incertaine entre le ciel et l'eau
Des enfants d'ici-bas sera toujours le lot !
Et la glisse éperdue dans l'espoir de voler
La quête de l'Eden où l'on voudrait aller.