Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
Pourquoi pleurer
Pourquoi pleurer petite fille
Dont j'aime tant les jolis yeux ?
Si tu étais restée gentille,
J'aurais appris à t'aimer mieux.
Comment aurais-je pu comprendre
Que tu craignais tant mes caresses ?
Il m'aurait suffit pour attendre,
D'avoir un peu de ta tendresse.
Je n'aurais pas été pressé.
Comme le Prince, le renard,
J'aurais bien su t'apprivoiser
Et tu m'aurais aimé plus tard.
Au lieu de ça tu es allée
Vers le premier qui su te dire
Les mots d'amour que tu cherchais,
Dont je ne sais plus me servir.
Ce n'est pas vrai ma bien aimée
Qu'il t'a aimée autant que moi
Et t'a donné en quatre mois
Autant que moi en vingt années.
S'il te parlait si bien d'amour
Et savait te donner envie,
Il ne fut qu'un passant dans ta vie
Alors que moi j'y suis toujours.
Ce n'est pas lui qui t'a choisie
Lorsque tu n'avais pas vingt ans,
Qui de l'amour t'a tout appris
Et t'a fait quatre beaux enfants.
Si aujourd'hui tu t'en défends,
Autrefois tu me désirais,
Et chaque jour tu me voulais
Un peu plus que le jour d'avant.
Et puis la vie de tous les jours
Que l'on gagne en perdant l'amour,
Et les enfants trop rapprochés
Peu à peu nous ont séparés.
Parce que j'étais sans fortune,
Afin d'en être pardonné
J'ai trop couru après la lune
Car je voulais te la donner.
Afin que de moi tu sois fière
Il a fallu que je me presse
De poursuivre dans les affaires
Mes ambitions et la richesse.
Mais je m'arrêterais sans doute
Si à chaque instant du trajet
Je peux te perdre en cours de route
Et tu ne peux le partager.
Pour me guérir des maladresses,
Redonne-moi ce qu'il t'a pris
Et je trouverai la tendresse
Et les mots que j'ai désappris.
Mais je te sens si loin de moi
Quand je m'approche de ton corps,
Que je me demande parfois
Si quelqu'un peut m'aimer encore.
Et si j'ai pris une maitresse
Lorsque je me désespérais,
Ce n'est pas tant pour ses caresses
Que pour en être rassuré.
Il ne faut pas désespérer !
Ô mon amour si tu le veux,
Ne crois-tu pas qu'entre nous deux
Tout peut encore recommencer ?
Je saurai demain, tu verras,
Selon tes goûts changer de rôle,
Et suivant ce que tu voudras,
Etre sérieux ou être drôle.
Puisque je t'aime, ma chérie,
Tu es pour moi, heure après heure,
Le fol enjeu de mon bonheur
Sur la roulette de ma vie.