Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
Rendez-vous d'été
Sur les bords surchauffés de la grande marmite
Qu'emplit un jus amer qui mijote et s'agite,
Des viandes entassées en d'étranges postures
Rôtissent eu suintant l'huile de la friture.
Arrière-trains trapus éclipsant le soleil
Et poitrails avachis sur des ventres plissés
Dans les sangles tendues du plus simple appareil,
Se retournent parfois, lorsqu'ils en ont assez
De cuire en l'air, brûlant leur surface charnue
Aux formes gratinées et de sable barbues.
Ces volailles pourtant qui garnissent la plage
Portent un nom illustre et un riche plumage
En d'autres occasions, et qui l'été venu,
Pour goûter le soleil, s'endorment toutes nues
Dans ce triste uniforme, emmêlant sans mystère
Leurs fesses de comtesse aux formes prolétaires.