Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
L'abordage
N'ai pas la prétention de vaisseau amiral,
Mais suis de tes amants la dernière chaloupe ;
Et pour un abordage à l'assaut de la poupe,
Je n'ai jamais eu peur d'affronter la Royale.
Tenir le près serré n'est pas toujours aisé,
Mais je cingle à ton vent avec l'envie à bord
De faire mieux que toi ce que tu as osé,
Et me montrer doué quand vient le corps à corps.
Chaque prise de guerre et chaque nuit d'amour
Laissera dans nos cœurs une part du butin
Que nous conserverons quand pointera le jour,
Et qu'éteindra nos feux l'arrivée du matin.
Mais tant que sous le vent ma voilure se borde,
Que je peux t'accoster à un bord à ton goût,
Je vais te mettre à sac, et tant pis pour la corde !
Quitte à être pendu, que ce soit à ton cou !