Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
Le cœur battant
A cent mille en un jour que distille le temps,
Combien me reste-t-il de battements de cœur ?
Et pour laquelle encore aurai-je la candeur
De croire que l'automne est encor le printemps ?
Mais quand elle est si belle, à l'approche de l'heure,
La colombe qui niche à l'ombre de mes rêves,
Ne peut être interdit d'en être l'oiseleur,
Puisque qu'avide est mon cœur et que la vie est brève.
Sera-t-elle un trophée, une dernière proie,
Ou bien serai-je encore, aux abords de l'hiver,
Chasseur impénitent si tôt qu'il aperçoit
Une tendre et jolie gazelle à découvert ?
Pour mesurer le temps qui s'envole et qui passe,
Il me plairait assez, désormais, de compter,
Au lieu du pouls battant mes tempes argentées,
Mes battements de cœur, avant que je trépasse.
Chaque fois que Vénus entrera dans ma loge,
Quand on sait que l'amour est le maître du temps,
Peut-être bien qu'alors s'arrêtera l'horloge.
Car c'est l'âge oublier qu'avoir le cœur battant !