Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
Le feu
Tu as le ventre plein,
Une amie dans ton lit,
Quelques économies,
De quoi donc tu te plains ?
Tu fais ce que tu veux,
De jour comme de nuit,
Et peu ne se produit
De contraire à tes vœux.
Si parfois tu t'ennuies,
Car tu n'es pas vilain,
Vient frapper à ton huis
Une encline aux câlins.
Que te faut-il encore
Que tu n'aies déjà pris,
Que tu baises ou dévores,
Sans en payer le prix ?
Ce ne sont que des miettes !
Moi, ce dont j'ai envie
N'est pas dans mon assiette
Ni même dans mon lit.
Ne peuvent satisfaire
Ces plaisirs éphémères
Qui sont mon ordinaire,
Et je n'en ai que faire !
C'est le feu que je veux
Et non ses étincelles,
Avant que d'être vieux
Et que froid me harcèle !
Et ce feu que j'attends
J'espère qu'une flamme
L'allumera à temps
Avant que je me damne !