Bertrand Saint Georges Chaumet

Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet

Les femmes !

Le plaisir, Mesdames, ce n'est pas de vous prendre !
Et d'ailleurs, parfois, vous ne savez baiser.
Mais vous êtes souvent belles à regarder,
C'est mon plaisir à moi, et j'aime bien attendre.

Je préfère à l'étreinte, aux frissons improbables,
Le rêve que je fais de vous déshabiller,
Et cette évocation vous rend plus désirables
Que de vous voir en train de vous démaquiller.

Mais peut-être que vous aussi, vous l'aimez bien,
Ce moment de plaisir où le regard de l'autre
Déjà vous met à nue, de vos fesses aux seins,
Quand son propre désir est devenu le vôtre.

En faites-vous partie, de ces fieffées coquettes
Qui aiment allumer de nombreux incendies
Et qui, sans se donner, cultivent les conquêtes,
Les flammes étant si belles en des yeux qui mendient !

Je ne saurais pourtant vous blâmer de cette arme
Qui fait des yeux d'autrui, votre propre miroir ;
Mais si vous adorez y contempler vos charmes,
Moi, je ferme les miens, afin de mieux vous voir.

Ainsi, chacun de nous a ses propres fantasmes :
La femelle, avant tout, aime être désirée ;
Mais parfois elle manque en amour d'enthousiasme.
Alors, le mal-aimé préfère délirer.

Bien souvent un coït risque de décevoir,
Tandis qu'on peut rêver de tous les paradis ;
Alors, prônant le ciel avant le purgatoire,
Je m'en vais visiter des pays interdits.

Je rencontre là-bas de belles cavalières,
Pareilles à celle-là, qui un jour m'a appris
Des chevauchées superbes et d'aimer la manière.
Bien qu'elle soit partie, j'en suis toujours épris !

Pour me débarrasser de cette servitude,
Rêver ne suffit plus. J'ai besoin de tendresse,
Et pour me rassurer j'ai pris cette habitude
D'accueillir dans mon lit une douce maîtresse.

Celle-là n'est pas dupe et sait bien que je passe
Dans sa vie sans songer un jour à m'arrêter,
Mais devine, malgré ma dure carapace,
Qu'elle est, avant l'hiver, un adieu de l'été.