Bertrand Saint Georges Chaumet

Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet

Les truands

Pour une fleur cueillie, pour un baiser volé,
Pour un parfum fleuré, aussitôt envolé,
Et pour le goût plaisant d'une lèvre sauvage,
Faut-il voir s'estomper les beaux traits d'un visage ?

Je n'ai plus vu ses yeux en me penchant pour lire
Au fond de ce regard où j'oubliais le monde,
Et je n'ai plus trouvé sa chevelure blonde,
Ayant voulu goûter le bord de son sourire.

Malheur à nous, truands, qui rayons les miroirs,
Qui moissonnons les fleurs et qui souillons les femmes !
Car la soif infinie qui dévore notre âme
Nous a brûlé les yeux, nous empêchant d'y voir !

Papillons merveilleux, aux ailes si fragiles,
Que de les effleurer, on en garde les doigts
Couverts de poudre d'or, de velours et de soie.
Pour être contemplé, restez donc immobile !

Ne venez pas tourner autour des sacrilèges,
Et pour demeurer beau, ayez le privilège,
Etant inaccessible aux enfants de la Terre,
De conserver pour eux, le charme du mystère.