Bertrand Saint Georges Chaumet

Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet

L'inoubliée

Petite vahiné que là-bas j'ai laissée
Sanglotant sur un quai, lorsque je suis parti,
Jamais le souvenir ne pourra me lasser
Du merveilleux amour dont tu m'as diverti !

Car j'emporte avec moi toute la joie des îles,
Avec le souvenir de ton corps émouvant,
Et garde le secret de tes gestes fragiles
Que rabâchait pour moi ton amour innocent.

Depuis, j'en ai tant vu de soleils et de plages,
Tant de parfums cueillis, le soir au clair de lune,
Ecouté tant de nuits murmurer de rivages,
De danses partagées sur de tièdes lagunes,

Tant de fois d'un regard décelé le message,
De perles inventées dans la nacre des rires,
Tant de corps caressé et appris de visages,
Qu'il n'est de lendemains qui me puissent guérir.

Ce soir je suis si las de balader ma peine,
Que je voudrais m'asseoir au bord de ce fossé
Et pouvoir à nouveau écouter la rengaine
Que pour moi tu chantais, amie que j'ai laissée.

Ce soir j'en ai assez de ma vie de bohème,
Des journées sans soleil et des gens sans gaité,
Et je veux que tu saches, en lisant ce poème,
Combien j'ai été fou, lorsque je t'ai quittée.