Bertrand Saint Georges Chaumet

Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet

Notre lit

Doux lit, où tant de nuits nos deux corps s'ignorèrent,
Embarquant tant de rêves et de rancune aussi,
Maintenant que suis seul, fais moi vivre à l'envers
Toutes nos équipées qui furent réussies !

Hisse donc la voile des régates à Cythère,
Quand l'orage attendu mettait une éclaircie
Dans la monotonie de nos séjours à terre
Et qu'au vent du désir nous étions à merci.

Près d'elle emmène-moi dans nos virés d'antan !
Qu'au rappel à nouveau s'envole le bateau,
Quand tous les deux ensemble affrontions le gros temps,
Portés par le courant d'un même Eldorado.

Puisque n'ai plus d'équipière aujourd'hui
Et que mon océan plus jamais ne se gâte,
Que le vent d'autrefois se lève chaque nuit
Et m'entraîne à courir de nouvelles régates !

Que mes nuits d'à présent rêvent des vents d'hier,
Oubliant les gâchis où nous restions au port.
Qu'avec son souvenir, au seuil de l'hiver,
Ce doux lit de mon deuil me rembarque à son bord !