Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
Le renouveau
Sous son écrin discret de laine et de nylon,
Se cachait l'appétit d'une si longue attente
Qu'il a suffi d'un doigt sur ce doux violon
Pour réveiller le feu qui couvait sous sa tente.
Et l'archer de mes mains sur la belle endormie
A joué ce soir-là toute une symphonie,
Ressuscitant alors, avant que vienne l'heure,
Des rêves oubliés et le goût du bonheur.
Le marin se méfie, dit-on, de l'eau qui dort.
Mais quand surgit le vent sous sa jupe de laine,
Le barreur que je suis n'est plus le maître à bord
De ce gentil vaisseau qu'un ouragan malmène !
Afin de faire face et d'affronter l'orage,
Il faut être partout, de la proue à la poupe ;
Car ce serait déchoir, sous prétexte de l'âge,
De s'enfuir et de mettre à la mer la chaloupe !
Mais n'est pas déplaisant, sans faire demi-tour,
De se laisser rouler dans la vague et le vent,
Quand s'accordent si bien au rythme de l'amour,
Le tambour du plaisir et la flûte de Pan.