Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet
Le sable
J'ai fait de mes deux mains autour de ton visage
Une conque d'eau vive, où je voulais garder
Un peu de ta fraîcheur où me désaltérer,
Un peu de ton amour, en guise de breuvage.
Lorsqu'au creux de mes doigts j'ai voulu recueillir
La tremblante gorgée où dansait ton image,
Je n'ai rien retrouvé, et j'ai cru défaillir
Comme un homme égaré, dupé par un mirage.
Ne pourrai-je jamais dans mes mains réunies,
Emporter un peu d'eau, un peu d'amour de toi,
Et devrai-je toujours voir m'échapper des doigts
Le sable, la gaité, la rosée, mes amis ?
Et cueillie du matin, une fleur que l'on aime,
Doit-elle être fanée avant que le soir vienne ?