Bertrand Saint Georges Chaumet

Poème de
Bertrand Saint Georges Chaumet

Urgence

Qu'elle est belle la vie, quand on sait qu'on va mourir.

Que c'est bon de marcher au hasard des rues, la pluie au bord des lèvres ou le soleil plein les yeux, ce soleil qui bientôt va s'éteindre.

Qu'elle est précieuse, cette pincée de sable au fond du sablier, sable de l'urgence avant le grand désert !

Urgence de respirer les dernières odeurs de l'automne avant l'hiver, de flairer les petits bonheurs à chaque coin du jour, avant l'angoisse de la nuit.

Urgence de bouger, de courir et cueillir tout ce qui reste à la treille, avant la fin de la vendange ; d'aimer aussi peut-être, puisqu'aimer n'est pas encore mourir.

Urgence de boucler la malle de tous nos souvenirs, que d'autres pilleront, pour notre survie de quelque temps encore !

Avant que l'outre ne soit vide, en téter chaque goute comme un mourant de soif.